par Antonio Fischetti (copyright by Charlie Hebdo)
Quand on y pense, c’est de la folie de s’exciter comme ça pour un dessin. On pourrait dire que les djihadistes sont fous. Pourtant ils ne le sont pas. Du moins, pas au sens psychiatrique du terme, et ils obéissent à des schémas mentaux qui ont leur logique.
En psychanalyse, la scène taboue par excellence est la scène primitive, c’est-à-dire l’acte sexuel entre les parents. Des points communs apparaissent alors entre l’image du Prophète et la représentation du sexe maternel. Il se joue là-dessus une quête de pureté qui, lorsqu’elle devient pathologique, rappelle celle de l’obsessionnel compulsif qui se lave les mains deux cents fois par jour.
L’image est également utilisée à des fins politiques. Elle peut fasciner, autant qu’effrayer, et les religieux l’ont bien compris. Les chrétiens, notamment, qui se sont livrés à de farouches bagarres entre iconolâtres et iconoclastes, les premiers autorisant les images, les seconds les interdisant au motif que “représenter Dieu, c’est l’abaisser”.
Il faudrait pourtant savoir qu’une image n’est rien d’autre qu’une image. Cela pourrait sembler évident depuis le fameux Ceci n’est pas une pipe de Magritte. Pour le faire comprendre aux islamistes, faudrait-il écrire “Ceci n’est pas un prophète” sous chaque dessin de Charlie ?
Des musulmans de bonne foi se sentent insultés par les caricatures de Mahomet, et ne comprennent pas que se moquer des croyances n’est pas la même chose qu’insulter les personnes. Là encore, la psychanalyse nous éclaire à travers la notion d’individu. L’islamisme s’appuie sur une régression, non seulement sociale, mais aussi psychique. Maintenir les fidèles à un stade infantile pour mieux les manipuler.
Il en ressort que les djihadistes ont une cervelle d’enfant obsessionnel et attardé. Mais aussi qu’une révolution psychologique est nécessaire pour libérer la plupart des croyants de l’emprise religieuse. Cela n’amènera sans doute pas les terroristes sur un divan. Mais cela peut aider le monde musulman à intégrer les clés de la laïcité.